Rencontre avec Yves Nicolin

Le maire de la Ville de Roanne se confie sur ce nouveau mandat

« Le rôle de maire est passionnant ! »

QUEL EST VOTRE ÉTAT D’ ESPRIT APRÈS CETTE ÉLECTION ?

" Pour la première fois depuis 1989, l’élection s’est jouée au premier tour. J’aurais dû être dans un état de grande satisfaction, presque d’euphorie à l’issue de ce scrutin. Mais depuis le 15 mars, mon esprit était à la gestion des affaires, à la protection des Roannais, à l’inquiétude concernant notre pays. Nous nous sommes mobilisés 7 jours sur 7 et presque 24h/24. "

COMMENT ENVISAGEZ-VOUS CE NOUVEAU MANDAT ?

" Tant que nous ne sommes pas sortis de la crise sanitaire, il est difficile de se projeter. En quelques semaines, tout s’est arrêté, le monde a basculé. Le Covid laisse des traces indélébiles dans notre économie et notre société.
Le mandat sera sans doute différent de celui que nous avions imaginé.

Entre 2014 et 2020, nous avons redressé la Ville pour en faire l’une des plus dynamiques et attractives, de même pour l’Agglomération. Tout peut désormais être remis en cause par la pandémie. Je pense à nos entreprises locales, nos commerçants, artisans et PME qui se retrouvent avec une trésorerie à plat, voire à zéro. Je suis moi-même chef d’entreprise et connais ces inquiétudes face aux charges qui continuent et les recettes qui ne vont pas arriver.
Le quotidien des entreprises locales m’inquiète beaucoup. "

" Sur mon initiative, Roannais Agglomération a adopté un plan de soutien exceptionnel aux acteurs économiques des 40 communes de l’intercommunalité.
Une aide de 1 000 € sera apportée en complément de celles apportées par l’État et la Région Auvergne-Rhône-Alpes.
Nous sommes les seuls en France, à territoire comparable, à mettre autant sur la table pour sauver notre économie, nos entreprises et nos emplois.
La Ville prend, elle aussi, ses responsabilités en soutenant les commerçants avec l’exonération des taxes sur l’occupation du domaine public sur toute l’année 2020, en autorisant gratuitement les extensions de terrasses et en offrant à tous le stationnement jusqu’au 1er juin inclus. "

Le quotidien des roannais est une préoccupation très forte pour l’équipe municipale !

COMMENT DÉCRIRIEZ-VOUS VOTRE ÉQUIPE MUNICIPALE RENOUVELÉE ?

" C’est une équipe que j’ai eu beaucoup de plaisir à constituer. Contrairement aux autres listes en lice, beaucoup de candidats souhaitaient nous rejoindre. La difficulté a été de sélectionner et de dire non à certains. J’ai constitué cette équipe en fonction de l’expérience de chacun qui pourra être utilisée au profit de la municipalité. Rajeunie, avec une moyenne d’âge de 49 ans, elle est renouvelée à près de 60 %.


On compte 32 élus dans la majorité, contre 30 précédemment, pour sept élus dans l’opposition divisée en trois groupes.

Cette équipe impliquée a dégagé une belle chaleur humaine durant la campagne, où se sont succédé moments de travail sérieux et instants festifs. Depuis le début de cette campagne en octobre, il s’est créé un esprit de groupe extrêmement fort, qui nous sera bien utile dans la gestion municipale. J’en suis convaincu.
J’attends que les anciens élus accompagnent humblement les nouveaux, qui vont découvrir l’action municipale, ses codes et sa réglementation. "

QUELS SONT LES AXES FORTS DE CETTE MANDATURE ?

" On a dégagé quatre axes forts, d’importance égale. Une de nos priorités était de maintenir le niveau exceptionnel d’emploi et de dynamisme économique qui nous caractérisait encore en ce début d’année avant la pandémie. Maintenant, nous devons reconstruire et nous mobiliser pour accélérer et faciliter la reprise, tout en soutenant et accompagnant ceux qui ne se relèveront pas de la crise. 

Nous allons également passer à la vitesse supérieure concernant le développement durable, après avoir déjà fait un énorme effort que peu de villes avaient engagé en 2014. Des projets importants permettront de consommer de l’énergie renouvelable, produite localement autant que possible. Je souhaite faire évoluer les modes de transports des Roannais, vers des modes plus doux et décarbonnés. On a aussi beaucoup avancé sur des sujets touchant à l’isolation, la production de produits alimentaires. 

Notre troisième priorité est de maintenir le niveau de sécurité que nous avons grandement amélioré en six ans.
Si la délinquance a été réduite de moitié entre 2014 et 2020, il reste encore trop d’incivilités et nous souhaitons encore aller plus loin, faire porter nos efforts avec une politique de tolérance zéro.

Enfin, il s’agit de mieux accompagner les Roannais dans ce qu’on appelle le « mieux-vivre ensemble ».
Afin que nos habitants se sentent bien, il faut continuer de mettre des outils et des moyens à leur disposition (éducation, vie associative, sport, culture, social, santé…). Notre projet de centre médical à l’hôpital va voir le jour dans les mois qui viennent. Comme nous l’avons annoncé, nous réaliserons des projets partout, dans tous les quartiers et pour tous les Roannais.

Au-delà des chantiers, des travaux, de l’économie et de la sécurité, le quotidien des Roannais reste une préoccupation très forte, prégnante et présente pour l’équipe municipale ! "

QUELLES AUTRES ANNONCES POUR CE MANDAT ?

" Nous poursuivrons nos efforts afin de rendre la ville de Roanne attractive. Notre ambition est de regagner en population. À la fin du mandat, nous souhaitons être reconnus, dans notre catégorie comme la ville la plus dynamique de la région Auvergne-Rhône-Alpes !

Malgré la crise et les conséquences financières du Covid-19, les impôts ne seront pas augmentés : il n’est pas nécessaire de chercher davantage d’argent dans la poche du contribuable pour mener notre programme ambitieux. Quasiment cinq fois inférieure à la moyenne des communes de même strate démographique, notre dette est au plus bas aujourd’hui ; nous avons donc des marges de manœuvre.  "

À QUOI RESSEMBLERA ROANNE EN 2026 ?

" C’est une ville qui, je l’espère, aura laissé de côté les problèmes qu’elle a connus pendant 40 ans. Roanne a été une ville florissante jusque dans les années 1970. Nous avons depuis assisté à des dégradations économiques, sociales et démographiques. Les choses redémarrent depuis cinq ans. Mon ambition est de poursuivre ce redémarrage et de l’accélérer pour réduire le chômage, attirer à nouveau les jeunes et les entreprises. "

EN RAISON DU COVID-19, LE MANDAT SERA SANS DOUTE DIFFÉRENT DE CELUI QUE NOUS AVIONS IMAGINÉ

Loin des années 2000, la ville de 2026 sera beaucoup plus verte et agréable à vivre, avec plus d’espaces de détente et de convivialité, à l’instar de Foch-Sully et des Bords de Loire. Nous aurons aussi construit des immeubles plus esthétiques. Sur le mandat précédent, nous sommes parvenus à faire en sorte que les médias régionaux et nationaux arrêtent de nous voir comme une région en crise. C’est un énorme succès, il aura fallu des années pour arriver à cela. J’aimerais qu’en 2026, ils nous voient comme un eldorado, the place to be ! "

CE MANDAT RESTE DONC DANS LA CONTINUITÉ DU PRÉCÉDENT ?

" Avec le Covid-19, rien ne sera comme avant, mais ce mandat va s’inscrire dans une continuité, tout en portant de nouveaux projets. Une grosse opération de rénovation urbaine transformera notamment le bas du faubourg Clermont. On attend encore l’aménagement des Bords de Loire sur la partie du port. Foch-Sully se veut un des projets phares du mandat. Compte tenu de la situation actuelle, il va inévitablement prendre du retard, comme la plupart des gros chantiers. "

VOUS AVEZ ÉTÉ ÉLU MAIRE POUR LA TROISIÈME FOIS. VOTRE VISION DE CETTE FONCTION CHANGE-T-ELLE EN PERMANENCE ?

" Oui, j’ai vu une énorme différence entre mon premier mandat (2001-2008), en pleine crise sociale et économique, et le second (2014-2020), en pleine euphorie économique et de création d’emplois. Celui- ci a été beaucoup plus agréable et il se termine mieux, avec ma réélection (rires).
La vie s’est accélérée depuis ma première expérience de maire il y a presque 20 ans : la technologie n’était pas la même, les réseaux sociaux n’existaient pas, l’informatique n’avait pas autant d’ampleur. Les outils technologiques actuels nous permettent de travailler de façon totalement différente. Par exemple, la possibilité de mettre la quasi-totalité de nos agents en télétravail pendant le confinement va peut-être faire évoluer nos modes de fonctionnement à l’avenir, hors crise sanitaire. 

Lors de mon premier mandat, je n’étais pas sur les mêmes modes de gouvernance. Aujourd’hui, les Roannais ont montré qu’ils souhaitaient être associés davantage à nos projets et décisions, avec une participation plus active. Notre nouveau programme a été réalisé en lien avec les habitants. J’aimerais qu’à l’avenir, ils s’emparent davantage des outils de décision qu’on met à leur disposition. Qu’ils soient plus nombreux dans les conseils de quartiers, qu’ils s’intéressent au budget participatif… Qu’on reçoive aussi plus de propositions réfléchies de la population. Nous restons à l’écoute ! Les remarques et les souhaits des Roannais seront pris en compte sur toute la totalité du mandat, pas seulement en cet instant d’élection. Les choses sont différentes d’un mandat à l’autre et on s’adapte aux conditions du moment. "

SERAIT-CE CELA LA DÉFINITION DU RÔLE DE MAIRE, « S’ADAPTER » ?

" Oui, un élu est là pour régler les problèmes, trouver des solutions. Anticiper et avoir une vision de sa ville. Il faut avoir une capacité à s’adapter soi-même, à adapter ses outils pour être bon ! Je suis à la tête d’une « entreprise » qui gère un budget de quasiment 200 M€, avec 500 collaborateurs à la Ville, près de 400 à l’Agglomération. J’ai une responsabilité qui n’est pas opérationnelle sur l’hôpital et ses 2 800 collaborateurs, ainsi qu’Opheor et ses 75 agents...
On ne peut pas s’improviser maire d’une aussi importante collectivité que Roanne, il faut s’y préparer. Rattrapé par la réalité, cette impérieuse nécessité fait notre force ! Cette fonction très prenante est passionnante.
C’est reparti pour six ans ! "

ON NE PEUT PAS S’IMPROVISER MAIRE D’UNE AUSSI IMPORTANTE COLLECTIVITÉ QUE ROANNE, IL FAUT S’Y PRÉPARER.